Le parquet de Chambéry, qui gère le dossier, a fait cette annonce ce vendredi 19 juin. Les juges d’instruction n’ont donc pas retenu la thèse de la préméditation, comme le souhaitaient les parents du caporal originaire de Bourges.
Nordahl Lelandais, 37 ans, a-t-il tué Arthur Noyer volontairement en avril 2017 ? C’est la question à laquelle devront répondre les juges lors du procès qui aura lieu aux assises.
Au départ, l’ancien maître-chien, poursuivi dans plusieurs affaires dont celle de la petite Maëlys, avait été mis en examen en décembre 2017 pour l’assassinat du caporal Noyer originaire de Bourges. En clair, il était soupçonné d’homicide volontaire avec préméditation.
Mais le parquet de Chambéry, en février dernier, avait requis de requalifier les poursuites en meurtre, c’est-à-dire d’écarter la préméditation. Ce vendredi 19 juin, les juges d’instruction ont finalement suivi la demande du parquet, et viennent de renvoyer Nordahl Lelandais devant les assises pour le meurtre et non plus l’assassinat d'Arthur Noyer.
Une modification qui a son importance en termes de peine encourue : un meurtre est puni au maximum de 30 ans de réclusion criminelle alors qu'un assassinat peut valoir la perpétuité.
"Déception" de la famille
La famille berruyère du jeune militaire ne pourra pas faire appel. Seule la défense du prévenu peut introduire un recours, et a un délai de 10 jours pour le faire à compter de la notification de la décision.
Contacté par l'AFP, l'avocat des parents d'Arthur Noyer, qui souhaitaient la qualification d'assassinat, reconnait la "déception en ce que la préméditation n'est pas retenue". Mais il a souligné un "gros point de satisfaction : contrairement à la thèse de Nordahl Lelandais, c'est bien l'homicide volontaire qui est retenu et pas l'accident".
Lors de son audition fin mars 2018 par les juges, l'ancien maître-chien a en effet avancé la thèse de l'accident. Il a déclaré avoir pris en stop le jeune Berruyer du 13e Bataillon de chasseurs alpins à la sortie d'une boîte de nuit de Chambéry. Il a évoqué une bagarre qui aurait entraîné une "chute" mortelle de la victime dans une zone escarpée à une vingtaine de kilomètres de la ville.
Téléphone et ossements
Arthur Noyer avait disparu près de Chambéry, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017. C’est lors de l’examen des déplacements du téléphone de Nordahl Lelandais, dans le cadre des recherches sur la disparition de Maëlys, que les enquêteurs ont découvert que l’ancien maître-chien voyageait avec Arthur Noyer, la nuit de sa disparition.
Après deux jours de garde à vue, Nordahl Lelandais est mis en examen pour assassinat le 20 décembre. L'analyse d'un crâne trouvé en septembre à Cruet, à 20 kilomètres de Chambéry, a révélé en décembre qu'il s'agissait bien de celui du disparu.
Aucune date n'est arrêtée pour ce procès: d'une part en raison d'un recours possible, d'autre part car la crise du coronavirus Covid-19 a obligé l'annulation d'assises prévues au printemps à Chambéry, qui doivent donc être reprogrammées.
En plus des affaires Arthur Noyer et de la petite Maëlys, Nordahl Lelandais est poursuivi pour agressions sexuelles sur trois petites cousines.